Manuel pour les étudiants de la Ve année Dossier 3.

Навчальний посібник з аналітичного читання для студентів п’ятого курсу французького відділення / Укл. Г.Ф.Драненко, М.М.Попович. – Чернівці: Рута, 2006. –  108 с.

DOSSIER 3. Louis-Ferdinand Céline (1894-1961)

Introduction
1. La vie de l’écrivain

1894   Naissance le 27 Mai à Courbevoie de Louis-Ferdinand, fils de Marie, Marguerite, Céline Guillou et de Fernand Destouches
1904  Ses parents reprennent un boutique de dentellerie au passage Choiseul. Il passe son enfance dans les quartiers populaires de Paris
1905-11  Durant sa scolarité et afin de favoriser la maîtrise des langues étrangères Louis-Ferdinand effectue des séjours en Allemagne et en Grande-Bretagne
1912  Il s'engage pour trois ans dans la cavalerie
1914-15  Il a vingt ans quand la guerre éclate. Il est blessé près d ‘Ypres, puis affecté au consulat général de France à Londres à la suite de sa convalescence.
1915  Il est démobilisé en septembre 1915
1916-17  Séjourne au Cameroun, il travaille pour la compagnie forestière Sangha-Oubangui
1918   Devient conférencier à la mission Rockfeller
1919-23   Passe son baccalauréat puis entreprend avec succès des études de médecine. Il épouse Édith Follet
1924-25  Il dirige une mission médicale au titre de la SDN en Amérique du Nord et en Europe
1926  Mission en Afrique, il divorce. Il rencontre Elizabeth Craig, une Américaine avec laquelle il aura une liaison jusqu'en 1933.
1928    Ouvre un cabinet à Clichy
1932   Publication de son premier roman : Voyage au bout de la nuit. Louis-Ferdinand Destouches prend comme pseudonyme Céline : le prénom de sa mère. Ce livre est dédié à Elizabeth Craig
1933-35   Il poursuit son activité médicale
1936   Publication de Mort à Crédit, de Mea Culpa
1937-38   Publication de Bagatelles pour un massacre et de l’École des Cadavres. Pamphlets antisémites injurieux qui valent à Céline et à son éditeur une condamnation pour diffamation
1941   Publication de Beaux Draps, un pamphlet évoquant la défaite et l'exode
1942   Publications de Guignol’s Band 1 et 2.
1944   En novembre il se réfugie à Sigmaringen
1946-47    Est incarcéré à Copenhague de 1945 à 1947. Il entretient une longue correspondance avec Lucie Almansor, sa troisième femme
1947-48   Vit à Copenhague en résidence surveillée
1950   Est condamné à l'indignité nationale et à la confiscation de ses biens
1951   Amnistié le 26 Avril, il s’installe à Meudon
1957   Publication d’un château l’autre
1960   Publication de Nord
1961   Décès de Céline
1962   Il entre dans La Pléiade sous la forme d'un volume rassemblant ses deux premiers romans
1969    Publication posthume de Rigodon

Questionnaire
  1. Dans quelle famille est-il né ?
  2. Quelles études fait-il ?
  3. Parlez de son expérience militaire
  4. Quels voyages effectue-t-il ?
  5. Comment évolue sa carrière de médecin ?
  6. Parlez de l’histoire de la parution de son roman « Voyage au bout de la nuit ».
  7. Quel destin subit-il pendant la deuxième guerre mondiale ?
  8. Quelles sont les causes de ses poursuites ? Par quelle réputation est-il célèbre ?
  9. Précisez les rapports entre la vie de Céline et de ses écrits.
    10. Parlez de l’antisémitisme de Céline.

2. Les rapports entre le vécu et l’écriture
« Voyage au bout de la nuit » n’est pas un roman autobiographique même si toutes les fictions y sont calquées sur les événements de la vie du Docteur Destouches et que le roman est écrit à la première personne.
Les rapports de l’homme avec l’écrivain et son œuvre  chez Céline sont inhabituels. Un homme qui écrivait au temps de Céline tendait à dévoiler aux yeux d’autrui une part de la réalité. Mais ce faisant il se plaçait à un point de vue privilégié par rapport au monde, puisqu’il prétendait justement montrer à ses futurs lecteurs ce qui leur avait échappé. Cet écrivain n’était plus homme comme tout et chacun : il n’était plus l’homme avant d’écrire ; en dévoilant cette réalité il est devenu un être nouveau – un écrivain. Céline n’a pu jamais accepter ce dédoublement de soi. Il refusait de se considérer comme un écrivain. Cependant, à partir du moment où sa première œuvre  a été publiée, Céline a cherché désespérément à mettre en accord sa vie avec ses écrits : le personnage de Ferdinand Bardamu ronge lentement son créateur.
En lisant ses romans, le lecteur n’oublie pas les adjectifs qui caractérisent son auteur – honnête, menteur, compatissant, cynique, fidèle, malveillant, fasciste et antisémite.

3. Les idées et les opinions idéologiques de Céline
Louis-Ferdinand Destouches est resté fidèle à la classe sociale de ses parents : la petite bourgeoisie (qui n ‘avait pas de sa propre idéologie). Il a oscillé entre la droite et la gauche selon ses craintes. Il a donc voulu donner une littérature à la catégorie sociale où il était né. L’emploi dans ses romans du langage populaire qui devrait signifier la séparation avec la grande bourgeoisie, donner la référence à la civilisation du menu peuple, des salariés, des petits rentiers, des petits commerçants etc., en fait est un phénomène littéraire et non pas idéologique. Il a voulu donner à la langue populaire la valeur esthétique.

Étude du roman Voyage au bout de la nuit (1932)
Paris, place de Clichy, 1914. Envoûté par la musique d'une parade militaire, Ferdinand Bardamu, jeune rebelle, décide, par excès d'héroïsme, de s'engager dans la guerre contre les Allemands. Mais au front, c'est l'enfer et l'absurdité. Il perd vite son enthousiasme et découvre avec épouvante les horreurs de la guerre. Il ne comprend plus pourquoi il doit tirer sur les Allemands. Il prend aussi conscience de sa propre lâcheté.
On lui confie une mission de reconnaissance. Lors d'une nuit d'errance, il rencontre un réserviste nommé Robinson qui cherche à déserter. Ils envisagent de s'enfuir, mais leur tentative échoue. Blessé, traumatisé à jamais par la guerre, Bardamu revient à Paris pour être soigné. On lui remet une médaille militaire. Lors de cette cérémonie, il fait la connaissance de Lola, une jeune et jolie infirmière américaine. Bardamu est soigné dans différents hôpitaux. Il prend conscience des avantages et profits que tirent de la guerre tous ceux qui y ont échappé.
Lola, compagne futile et légère, le quitte. Il rencontre alors Musyne, une jeune violoniste. Ils ont une aventure, mais, un jour de bombardement, elle l'abandonne.
Réformé, Bardamu décide de partir pour l'Afrique. Il y découvre les horreurs de l'exploitation coloniale. Il retrouve Robinson, rencontré sur les champs de bataille, et lui succède en reprenant la gérance d'un comptoir commercial. Il tombe malade et connaît des crises de délire.
Il quitte l'Afrique à demi-mort à bord d'un bâtiment espagnol qui a tout d'une galère. Ce bateau l'emmène jusqu'à New-York . Dès son arrivée, il est placé en quarantaine . Dans cette ville à laquelle, il a tant rêvé, il ne connaît que solitude et pauvreté. Il part à Détroit pour y travailler. Il rencontre Molly, une prostituée généreuse qui le délivre de l'enfer de l'usine Ford . Molly aime Bardamu , l'entretient et lui propose de partager son bonheur. Mais son désir d'explorer plus avant l'existence le pousse à renoncer à cette femme généreuse. Il quitte les États-Unis et revient à Paris. Il rentre le cœur gonflé et meurtri par toutes ces expériences.
Devenu médecin , mais menant une existence toujours aussi misérable, il s'installe à Rancy, banlieue triste et pauvre. Il y découvre les côtés les plus répugnants et les plus désespérants de la condition humaine. Il assiste impuissant à la mort de Bébert, un petit garçon qu'il aimait bien et que la science ne peut sauver. Puis il se retrouvé mêlé à une sordide histoire. Une famille de sa clientèle, les Henrouille, souhaitent se débarrasser de leur mère âgée. Ils font appel à Robinson qui accepte de tuer la vieille dame pour dix mille francs. Mais par maladresse, Robinson échoue et se blesse. Il perd provisoirement la vue. Bardamu soigne Robinson qui part ensuite s'exiler à Toulouse en compagnie de la mère Henrouille, sa victime rescapée.
Bardamu quitte Rancy et abandonne la médecine. Il devient figurant dans un spectacle de danse. Il se rend ensuite à Toulouse et retrouve Robinson. Il fait la connaissance de Madelon , sa fiancée et devient son amant. Il fait visiter avec la mère Henrouille un caveau plein de cadavres à des touristes. Mais la vieille dame tombe dans l'escalier, vraisemblablement poussée par Bardamu, et se tue. Robinson incite son compère à regagner Paris.
Il est engagé comme médecin dans un établissement psychiatrique dont le patron est le docteur Baryton. Les deux hommes sympathisent.
Rapidement, Baryton sombre dans la folie et annonce à Bardamu sa décision de partir: "je vais renaître, Ferdinand." Il confie à Bardamu la direction de la clinique. Robinson reparaît au grand regret de son ami. Il a recouvré la vue et a quitté Madelon. Bardamu le cache dans sa clinique pour le soustraire à Madelon qui, amoureuse, le poursuit. Sophie, une superbe infirmière slovaque, qui est devenue la maîtresse de Bardamu, prêche pour la réconciliation entre Robinson et Madelon. Bardamu propose une sortie à la fête des Batignolles afin de réconcilier tout le monde. Robinson refuse les avances de Madelon dans le taxi et avoue son dégoût des grands sentiments Madelon le tue de trois coups de revolver. Après l'agonie de Robinson, Bardamu se retrouve seul en bordure d'un canal. Un remorqueur siffle au loin comme s'il souhaitait emmener avec lui tout ce qui existe: "tout , qu'on n'en parle plus."

2. Le roman picaresque
« Voyage au bout de la nuit » peut être considéré comme un roman traditionnel parce qu’il crée un monde qui se réfère à la société où vit l’auteur. Mais les gens peints par Céline ne reflètent pas la société bien assise, bien établie dans la civilisation française du premier tiers du XXe siècle.
La critique appelle cette œuvre – le « roman picaresque » (répandu en Espagne en 16-e siècle). Picaro est un vagabond qui n’a point de place normale sur la Terre, allant de ville en ville, chassé de partout, qui raconte ses aventures qui se succèdent au fur et au mesure de ses déplacements sans aucun lien les uns avec les autres (en étant présent comme héros ou comme témoin). Les ressemblances avec le roman de Céline sont :
·      le récit suit la chronologie selon un ordre linéaire ;
·      les événements sont regroupés en aventures (qui s’étendent sur un ou plusieurs chapitres) ;
·      l’aventure est un court drame qui a un commencement et une fin ;
·      elle est placé dans un lieu précis ;
·      le temps pendant lequel Bardamu passe d’un endroit à l’autre est passé sous silence ;
·      il n’y a pas de lien entre les aventures, elles ne découlent jamais l’une de l’autre.
Ainsi la vie humaine est soumise à un destin (tout pet arriver) ; le picaro est l’envers de l’homme de bien, une sorte de l’anti-héros.

3. La peinture de la société française dans le roman
Bardamu est pauvre parmi les pauvres et il est peu possible au pauvre de suivre les règles d’une morale faite pour les riches. Comme l’immoralité est la conséquence nécessaire de la souffrance, les riches qui ne souffrent pas dans le monde célinien, ne sont pas mauvais: les quartiers riches de Paris sont « le bon morceau de la ville. Tout le reste n’est que peine et fumier ». Les pauvres sont toujours nommés chez lui « égoïstes », « matérialistes », « impitoyables », pleins de vices. En plus si l’on est pauvre de naissance on le reste pour toute la vie.
Les riches peuvent éviter l’affreuse vie collective qui empêche tout épanouissement de l’individu ; ils communiquent avec l’autrui non par la promiscuité des quartiers misérables, mais par une noble et vague communion, par le don de soi. Aux yeux de Céline, l’idéal social pendant les années entre-deux-guerres c’est le grand bourgeois cultivé, affranchi de la nécessité d’opprimer autrui pour accroître sa fortune. En regard de ce type humain, les pauvres n’ont rien à opposer. Les pauvres singent le riche ou vivent à contresens de la morale. Pour Céline il n’y a qu’un antagonisme : entre les riches et les pauvres. La grande préoccupation du pauvre est de survivre, il a le choix entre le mal ou périr.

4. La technique du roman à la première personne
Analyse de l’extrait 1. :
En banlieue
C 'est pas le tout d'être rentré de l'Autre Monde! On retrouve le fil des jours comme on l'a laissé à traîner par ici, poisseux, précaire. Il vous attend.
J'ai tourné encore pendant des semaines ct des mois tout autour de la place Clichy, d'où j'étais parti, et aux environs aussi, à faire des petits métiers pour vivre, du côté des Batignolles. Pas racontables! Sous la pluie ou dans la chaleur des autos, juin venu, celle qui vous brûle la gorge et le fond du nez, presque comme chez Ford. Je les regardais passer, et passer encore, pour me distraire, les gens filant vers leur théâtre ou le Bois, le soir.
Toujours plus ou moins seul pendant les heures libres je mijotais avec des bouquins et des journaux et puis aussi avec toutes les choses que j'avais vues. Mes études, une fois reprises, les examens je les ai franchis, à hue à dia[1], tout en gagnant ma croûte. Elle est bien défendue la Science, je vous le dis, la Faculté, c'est une armoire bien fermée. Des pots en masse, peu de confiture. Quand j'ai eu tout de même terminé ces cinq ou six années de tribulations académiques, je l'avais mon titre, bien ronflant. Alors, j'ai été m'accrocher en banlieue, mon genre, à la Garenne-Rancy, là, dès qu'on sort de Paris, tout de suite après la Porte Brancion.
Je n'avais pas de prétention moi, ni d'ambition non plus, rien que seulement l'envie de souffler un peu et de mieux bouffer un peu. Ayant posé ma plaque à ma porte, j'attendis.
Les gens du quartier sont venus la regarder ma plaque, soupçonneux. Ils ont même été demander au Commissariat de Police si j'étais bien un vrai médecin. Oui, qu'on leur a répondu. Il a déposé son diplôme, c'en est un. Alors, il fut répété dans tout Rancy qu'il venait de s'installer un vrai médecin en plus des autres. «Y gagnera pas son bifteck! a prédit tout de suite ma concierge. Il y en a déjà bien trop des médecins par ici!» Et c'était exactement observé..
En banlieue, c'est surtout par les tramways que la vie vous arrive le matin. Il en passait des pleins paquets avec des pleines bordées d'ahuris bringuebalant, dès le petit jour, par le boulevard Minotaure, qui descendaient vers le boulot.
Les jeunes semblaient même comme contents de s'y rendre au boulot. Ils accéléraient le trafic, se cramponnaient aux marchepieds, ces mignons, en rigolant. Faut voir ça. Mais quand on connaît depuis vingt ans la cabine téléphonique du bistrot, par exemple, si sale qu'on la prend toujours pour les chiottes, l'envie vous passe de plaisanter avec les choses sérieuses et avec Rancy en particulier. On se rend alors compte où qu'on vous a mis. Les maisons vous possèdent, toutes pisseuses qu'elles sont, plates façades, leur cœur est au propriétaire. Lui on le voit jamais. Il n'oserait pas se montrer. Il envoie son gérant, la vache. On dit pourtant dans le quartier qu'il est bien aimable le proprio quand on le rencontre. Ça n'engage à rien.
La lumière du ciel à Rancy, c'est la même qu'à Detroit, du jus de fumée qui trempe la plaine depuis Levallois. Un rebut de bâtisses tenues par des gadoues noires au sol. Les cheminées, des petites et des hautes, ça fait pareil de loin qu'au bord de la mer les gros piquets dans la vase. Là-dedans c'est nous.
(tiré du roman « Voyage au bout de la nuit »)

Exercices de lexique
1. Trouvez les équivalents courants et soutenus des mots et les expressions argotiques, populaires et familiers. Traduisez-les. Par exemple :

dans le texte
mots, expressions
dans le dico
registre courant, écrit, littéraire, soutenu,
en ukrainien
C'est  pas le tout d’être rentré de l’Autre Monde !
Fam. C'est le tout de (et l'inf.). - Ce qu'il y a de plus important, d'essentiel; le point capital.
 Être rentré de l’Autre Monde n’est pas une chose la plus importante.
Повернутися з Нового Світу – це ще не все!
... je mijotait avec des bouquins et des journaux et puis avec toutes les choses que j’avais vues.



... tout en gagnant ma croûte.

Y gagnera pas son bifteck !



... je l’avais mon titre,  bien ronflant.



... de mieux bouffer un peu.



... qui descendaient vers le boulot.



... on la prend toujours pour les chiottes.




2. Trouvez les explications et les synonymes des mots suivants :
  • les tribulations
  • la prétention
  • la bordée
  • ahuri
  • bringuebaler

3. Expliquez le sens des expressions avec le mot « vache » :
  • Vache à lait 
  • Comme une vache regarde passer un train 
  • Donner des coups de pied, des coups en vache 
  • Parler français comme une vache espagnole
  • Une vache n'y trouverait pas son veau
  • Manger de la vache enragée 
  • Chacun son métier, les vaches seront bien gardées 
  • Cette vache de propriétaire.
  • La vache!
  • Il a été vache avec moi.

Style
1. Trouvez dans le texte les métaplasmes, nommez-les et expliquez leurs fonctionnement et effets.
2. Relevez les figures de style et de mots dans l’extrait. Expliquez leurs effets d’après le schéma :

Figure de style
Fonctionnement
Effet
Épithète métaphorique – le fil des jours ... poisseux, précaire.
La définition du mot « poisseux » (Gluant, collant (comme de la poix) contient les sèmes de « sale », « embêtant », « insupportable », « désagréable ». Ce sont les analogies sur lesquelles est fondée la comparaison.
le fil des jours ... insupportable, désagréable comme la poix (смола)
A vous...



3. Retrouvez les tournures de l’oral populaire, donnez leurs équivalents écrits.

Syntaxe
Cherchez les définitions des phénomènes syntaxiques suivants. Relevez les exemples dans le texte  :
·      phrase désarticulée et haletante
·      phrase elliptique
·      anticipation exclamative
·      incise populaire
·      tournure de rappel
·      reprise anaphorique

Étude du texte
Lecture méthodique
1. Qui raconte ? Justifiez votre réponse.
2. Quel est le mouvement du texte ? A quoi correspond-il ?
3. Quel est le thème de cet extrait ? Repérez les champs lexicaux dominants.
4. Cherchez les indices spatio-temporels.
5. Quels sont les traits principaux de la description des lieux ?
Pour le commentaire
1. A l’aide desquels moyens stylistiques l’auteur peint la banlieue parisienne ? Quelle impression s’en dégage ?
2. Parlez du langage de l’extrait.
3. Comment à travers la description découvre-t-on le narrateur ?

4. Portrait d’un personnage
Analyse de l’extrait 2. :
« Bébert m’avait vu venir... »
Bébert m'avait vu venir. J'étais le médecin du coin à l'endroit où l'autobus s'arrête. Teint trop verdâtre, pomme qui ne mûrira jamais, Bébert. Il se grattait et de le voir, ça m'en donnait à moi aussi envie de me gratter. C'est que, des puces j'en avais, c'est vrai, moi aussi, attrapé pendant la nuit au-dessus des malades. Elles sautent dans votre pardessus volontiers parce que c'est l'endroit le plus chaud et le plus humide qui se présente. On vous apprend ça à la Faculté.
Bébert abandonna sa carpette pour me souhaiter le bonjour. De toutes les fenêtres on nous regardait parler ensemble.
Tant qu'il faut aimer quelque chose, on risque moins avec les enfants qu'avec les hommes, on a au moins l'excuse d'espérer qu'ils seront moins carnes que nous autres plus tard. On ne savait pas.
Sur sa face livide dansotait cet infini petit sourire d'affection pure que je n'ai jamais pu oublier. Une gaieté pour l'univers.
Peu d'êtres en ont encore un petit peu après les vingt ans passés de cette affection facile, celle des bêtes. Le monde n'est pas ce qu'on croyait! Voilà tout! Alors, on a changé de gueule! Et comment! Puisqu'on s'était trompé! Tout de la vache qu'on devient en moins de deux! Voilà ce qui nous reste sur la figure après vingt ans passés. Une erreur! Notre figure n'est qu'une erreur.
- Hé ! qu'il me fait Bébert, Docteur ! Pas qu'on en a ramassé un Place des Fêtes cette nuit? Qu'il avait la gorge coupée avec un rasoir? C'était-y vous qu'étiez de service? C'est-y vrai?
- Non, c'était pas moi de service, Bébert, c'était pas moi, c'était le docteur Frolichon...
- Tant pis, parce que ma tante elle a dit qu'elle aurait bien aimé que ça soye vous... Que vous lui auriez tout raconté...
- Ce sera pour la prochaine fois, Bébert.
- C'est souvent, hein, qu'on en tue des gens par ici? a remarqué Bébert encore.
Je traversai sa poussière, mais la machine balayeuse municipale passait tout juste, vrombissante, à ce moment-là, et ce fut un grand typhon qui s'élança impétueux des ruisseaux et combla toute la rue par d'autres nuages encore, denses, plus poivrés. On ne se voyait plus. Bébert sautait de droite à gauche, éternuant et hurlant, réjoui. Sa tête cernée, ses cheveux poisseux, ses jambes de singe étique, tout cela dansait, convulsif, au bout du balai.
(tiré du roman « Voyage au bout de la nuit »)

Exercices de lexique
1. Remplissez la grille de vocabulaire avec les mots du texte :
  • carpette (f)
  • carne
  • en moins de deux
  • poivré
  • cerné
  • impétueux
  • combler
  • vrombissement (m)
  • dense

2. Relevez les mots et les expressions argotiques, trouvez leurs équivalents courants et soutenus.

3. Trouvez dans le texte les équivalents français des phrases suivantes :
·      Бо, ніде правди діти, в мене теж були блохи, я набрався їх уночі, коли нахилявся над хворими. Блохи охоче застрибували в моє пальто, найтепліше й найвологіше місце.       
·      Оскільки однаково треба когось любити, з дітьми ризик набагато менший, ніж із дорослими, бо принаймні можна виправдовуватися сподіванням, що, вирісши, діти будуть не такі лихі, як ми.  
·      Дуже мало людей після двадцятирічного віку зберігає бодай дрібку невимушеної, суто тваринної радости.    
·      Я ледве встиг проминути хмарку куряви, що її зняв Бебер, коли загула прибиральна машина.    
·      Бебер аж заревів з утіхи, розчіхався й застрибав на одній нозі. Його личко з синцями під очима, злипле волосся, викривлені мавп’ячі ноги – все звивалось у конвульсивному танці навколо віника.  

Style et syntaxe
1. Faites un inventaire des comparaisons (C) et de métaphores (M). Expliquez leurs effets. Par exemple :

Figure de style
Fonctionnement
Effet
M filée – Teint trop verdâtre, pomme qui ne mûrira jamais, Bébert.
M. fondée sur analogie avec la couleur verte de la pomme ; le verbe mûrir a des connotations « homme mûr, adulte ». Donc la signification de la M. est – « l’enfant qui n’atteindra jamais l’âge adulte, sera mort ». Ce qui correspond à la suite du roman.
La pomme verte arraché de l’arbre comme un enfant arraché de la vie par la mort. L’effet visé est la cruauté de l’existence humaine.
A vous...



2. Relevez les figures de style et de mots dans la dernière phrase de l’extrait. Expliquez leurs effets d’après le même schéma.

3. Analysez la syntaxe du français populaire. Utilisez les notions du texte précédent.

Étude du texte
Lecture méthodique
1. Trouvez les indices du cadre spatio-temporel.
2. Comment sont présentés les protagonistes du texte ?
3. Précisez le mouvement du texte.
4. Distinguez le discours, le récit et le dialogue. Comparez le langage de chaque type de texte.
5. Comment sont construits les portraits ?
Pour le commentaire
1. Quel est le thème de l’extrait Bébert m’a vu venir? Comment se rapporte-t-il avec le personnage de Bardamu ?
2. Expliquez les symboles de l’extrait Bébert m’a vu venir. Quelle idée s’en découle ?

5. Le style et le langage de Céline

Tout au long de sa vie, Céline a eu l'occasion de commenter le style inimitable qu'il a créé. La "petite musique" célinienne n'est pas, comme beaucoup ont pu le dire ou l'écrire, le premier jet spontané d'un écrivain talentueux. C'est le résultat d'un travail très minutieux que Céline a tenté d'expliquer, surtout à la fin de son existence, à une période où il était devenu le pariat de la littérature française.
 « [...] Céline est avec Rabelais l’écrivain le plus considérable car ils ont violé la langue française. Ils ont utilisé savamment, simplement et courageusement la langue-mère en y introduisant des audaces, des néologismes. Ce sont les deux écrivains qui ont le plus fait avancer la langue en la décorsetant. La langue la plus inventive de l’écriture française du XXe siècle est celle de Céline, et aussi de Mac Orlan. Ils ont préparé le cinéma, le dialogue…»
Marcel Jullian

Bilan
La place de Céline dans la littérature du XXe siècle. Citations
"Quoique le Voyage au bout de la nuit de M. Louis-Ferdinand Céline n'ait pas eu le prix Goncourt - que tout le monde lui attribuait à l'avance - il passionne l'opinion littéraire plus qu'aucun livre n'avait fait depuis longtemps. On prend violemment parti pour ou contre lui. Pour les uns, ce livre est une ordure ; pour les autres, une œuvre de génie."
André Rousseaux, Le cas Céline. Figaro, 10 décembre 1932.
***
"Quand vous lisez le Voyage au bout de la nuit, dès les trente premières pages, vous savez que vous êtes en présence d'un homme. Le choc est plus que rare, inoubliable. Oh ! je sais bien, parbleu, tout ce qu'on pourra dire. C'est surtout dans ses tares, ses faiblesses, son incurable maladie de vivre qu'il nous est révélé. Qu'importe !... Mais je me trompe. Il importe beaucoup que cet homme soit malade et sa maladie est la nôtre à des degrés divers.
Que l'auteur l'ait voulu ou non - et je ne crois pas qu'il l'ait voulu - son livre est le roman de l'homme malade de civilisation, chargé jusqu'à crever des iniquités sociales, le roman de tous les pauvres types que la guerre a broyés et, après l'armistice, l'après-guerre avec ses vomissures, son chaos, sa famine, son désespoir. Le témoignage de Céline est d'autant plus important qu'il n'a rien voulu prouver de tout ça. Il souffrait, il avait parcouru sous un ciel noir des kilomètres de douleur, il nous crache son mal en pleine figure. "
René Trintzius, L.-F. Céline - Voyage au bout de la nuit. Europe, 15 décembre 1932.
***
" Voici un livre étonnant, appartenant beaucoup plus, par sa facture, sa liberté, sa hardiesse truculente, au XVI° siècle qu'au XX°, que d'aucuns trouveront révoltant, insoutenable, atroce, qui en enthousiasmera d'autres et qui, sous le débraillé apparent du style, cache une connaissance approfondie de la langue française, dans sa branche mâle et débridée. "
Léon Daudet, L.-F. Céline : Voyage au bout de la nuit. Candide, 22 décembre 1932.
   ***
" [...] Car ce Voyage au bout de la nuit n'est pas gai, il s'en faut bien, il est même assez sinistre, ce que nous lui pardonnerions encore s'il n'était de surcroît si long. On se lasse de tout, et même les passionnés, s'il en est, de scatologie, doivent au bout de ces six cents pages bien garnies éprouver des symptômes d'indigestion. "
Paul Bourniquel, Rabelais hypocondre. La Dépêche (Toulouse), 27 décembre 1932.
   ***
" Le roman déjà célèbre de Céline peut être considéré comme la description des rapports qu'un homme entretient avec sa propre mort, en quelque sorte présente dans chaque image de la misère humaine qui apparaît au cours du récit. "
Georges Bataille, L.-F. Céline : Voyage au bout de la nuit. La critique sociale, janvier 1933.
   ***
 " [...] Le livre n'est pas à recommander aux délicats ; tout les choquera dans Voyage au bout de la nuit : le ton populacier, la satire grimaçante, le style chargé de termes crus ou obscènes, mais c'est le sort des œuvres outrancières : Rabelais, Mirbeau ou Léon Bloy, que de heurter les délicats. "
Pierre Audiat, L'actualité littéraire. La Revue de France, 15 janvier 1933.
***
" Très intéressant, mais de parti pris. Et artificiel. Si Céline avait pensé vraiment ce qu'il a écrit, il se serait suicidé."
Jean Giono, rapporté par un journaliste, Le Petit Marseillais, janvier 1933.
***
" Le livre français qui compta le plus pour nous cette année, ce fut Voyage au bout de la nuit de Céline. Nous en savions par cœur des tas de passages. Son anarchisme nous semblait proche du nôtre. Il s'attaquait à la guerre, au colonialisme, à la médiocrité, aux lieux communs, à la société, dans un style, sur un ton, qui nous enchantaient. Céline avait forgé un instrument nouveau : une écriture aussi vivante que la parole. Quelle détente, après les phrases marmoréennes de Gide, d'Alain, de Valéry ! Sartre en prit de la graine."
Simone de Beauvoir, La force des choses. Paris : Gallimard, 1960.
   ***
 "Le premier livre d'importance où pour la première fois le style oral marche à fond de train (et avec un peu de goncourtise). [...] Ici, enfin, on a le français parlé moderne ; tel qu'il est, tel qu'il existe. Ce n'est pas seulement une question de vocabulaire, mais aussi de syntaxe."
Raymond Queneau, "Écrit en 1937", Bâtons, chiffres et lettres. Paris : Gallimard, 1950.
***
" Il faut relire Céline en le voyant. Céline a dit la vérité du siècle : ce qui est là est là, irréfutable, débile, monstrueux, rarement dansant et vivable."
Philippe Sollers, Voyage au bout de la nuit, édition illustrée par Tardi. Paris : Futuropolis, 1988.



[1] comme je pouvais

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