Навчальний
посібник з аналітичного читання для студентів п’ятого курсу французького
відділення / Укл. Г.Ф.Драненко, М.М.Попович. – Чернівці: Рута, 2006. – 108 с.
DOSSIER 1. Hervé Bazin (1911-1996)
Biographie
Né dans le cadre étouffant de la bourgeoisie
angevine du début du XXème siècle, Hervé Bazin satisfait tout d'abord cette
dernière en commençant des études de droit. Mais son désintérêt l'amène à
rompre le nœud gordien de la famille en s'inscrivant à la Sorbonne en licence de
Lettres.
Après avoir expérimenté divers métiers durant
les années de guerre, il fonde avec des amis une revue intitulée « La
Coquille », et publie un premier recueil de poèmes remarqué en 1947,
« Jour », pour lequel il obtient le prix Apollinaire.
Mais c'est avec son premier roman,
« Vipère au poing », en 1948, qu'il atteint une véritable notoriété
artistique. Ce fut la grande révélation de l'année et Bazin manqua de peu le
Goncourt. Son talent est confirmé dès l'année suivante avec un deuxième roman,
« La tête contre les murs ».
Il devient membre en 1950 de l'Académie
Goncourt, et en devient président en 1972. Hervé Bazin est aussi célèbre pour
ses critiques littéraires et ses nombreuses participations à
« L'Information ».
Auteur désormais classique, il a été traduit
en trente-deux langues : une de ses dernières publications, « Le démon de
minuit », en 1988, n'a pas démenti l'intérêt que lui portent diverses
générations de lecteurs.
Étude du roman
« Vipère au poing » (1948)
1. Résumé de l’œuvre
«Vipère
au poing», c'est le récit, largement autobiographique, du combat impitoyable
que livrent Jean Rezeau, dit Brasse-Bouillon, et ses frères, à Folcoche, leur
mère. Jean Rezeau, que nous suivons de quatre à seize ans, n'est pas pour
autant un enfant martyr. Il a beaucoup trop de combativité pour être de ceux
qui subissent : la haine l'occupe comme d'autres la tendresse. N'avoue-t-il
pas, à la dernière ligne : "Merci ma
mère! Grâce à vous, je suis celui qui marche, une vipère au poing."
Cri de haine et de révolte, « Vipère au poing », le premier roman
d'Hervé Bazin, lui apporta la célébrité et le classa d'emblée parmi les
écrivains français les plus lus de notre époque.
2. Présentation du roman
Le roman est l'histoire de la révolte radicale d'un fils contre sa
mère. En Anjou, à "La Belle Angerie", dans l'inconfortable domaine
familial des Rezeau, tout est prétexte à brimades. "Folcoche" (par
contraction de "folle" et de "cochonne") se venge, sur ses
deux aînés, de son mariage de raison avec le pâle et faible Jacques Rezeau, qui
l'a épousée pour sa dot. Les châtiments corporels succèdent aux privations, et
les accusations de vol aux refus systématiques des moindres plaisirs.
Le narrateur Jean,
dit Brasse-Bouillon, se rebelle d'autant plus contre cette tyrannie maternelle
qu'elle se dissimule sous des principes pieux et moraux. Alors que son frère
Ferdinand, timoré et sournois, ne cherche qu'à ruser et transiger, Jean s'oppose
ouvertement. Après une fugue, il obtient, avec l'appui de ses grands-parents,
d'être placé en pension.
Le roman s'achève
sur un cri : cri de défi contre la famille et la société, cri de solitude
et d'orgueil. Jean qui parfois s'amusait à tuer les serpents, s'avancera
désormais une "vipère au poing". Personne ne pourra plus jamais
l'approcher pour l'apprivoiser.
Ce roman, en partie
autobiographique, doit son succès à la vivacité cruelle de son écriture et à sa
dénonciation, dans la société encore conformiste de 1948, des tares d'une certaine éducation bourgeoise et provinciale.
3. Analyse de
l’extrait :
Un petit miracle...
L'été craonnais [1], doux mais ferme, réchauffait ce bronze
impeccablement lové sur lui-même : trois spires de vipère à tenter
l'orfèvre[2], moins
les saphirs[3] classiques des yeux, car, heureusement pour
moi, cette vipère, elle dormait.
Elle dormait trop,
sans doute affaiblie par l'âge ou fatiguée par une indigestion de crapauds.
Hercule au berceau étouffant les reptiles : voilà un mythe expliqué! Je
fis comme il a dû faire : je saisis la bête par le cou, vivement. Oui, par
le cou et, ceci, par le plus grand des hasards. Un petit miracle en somme et
qui devait faire long feu dans les saints propos de la famille.
Je saisis la vipère
par le cou, exactement au-dessus de la tête, et je serrai, voilà tout. Cette
détente brusque, en ressort de montre qui saute hors du boîtier – et
le boîtier, pour ma vipère, s'appelait la vie – ce réflexe désespéré
pour la première et pour la dernière fois en retard d'une seconde, ces
enroulements, ces déroulements, ces enroulements froids autour de mon poignet,
rien ne me fit lâcher prise. Par bonheur, une tête de vipère, c'est
triangulaire (comme Dieu, son vieil ennemi) et montée sur cou mince, où la main
peut se caler. Par bonheur, une peau de vipère, c'est rugueux, sec d'écailles,
privé de la viscosité défensive de l'anguille. Je serrais de plus en plus fort,
nullement inquiet, mais intrigué par ce frénétique réveil d'un objet
apparemment si calme, si digne de figurer parmi les jouets de tout repos. Je
serrais. Une poigne rose de bambin vaut un étau. Et, ce faisant, pour la mieux
considérer et m'instruire, je rapprochais la vipère de mon nez, très près, tout
près, mais, rassurez-vous, à un nombre de millimètres suffisant pour que fût
refusée leur dernière chance à des crochets tout suintants de rage.
Elle avait de jolis
yeux, vous savez, cette vipère, non pas des yeux de saphir comme les vipères de
bracelets, je le répète, mais des yeux de topaze [4] brûlée, piqués noir au centre et tout
pétillants d'une lumière que je saurais plus tard s'appeler la haine et que je
retrouverais dans les prunelles de Folcoche, je veux dire de ma mère, avec, en
moins, l'envie de jouer (et, encore, cette restriction n'est-elle pas très
sûre !).
Elle avait aussi de
minuscules trous de nez, ma vipère, et une gueule étonnante, béante, en corolle
d'orchidée, avec, au centre, la fameuse langue bifide – une pointe
pour Ève, une pointe pour Adam –, la fameuse langue qui ressemble tout
bonnement à une fourchette à escargots.
Je serrais, je vous
le redis. C'est très important.
C'était aussi très
important pour la vipère. Je serrais, et la vie se fatiguait en elle,
s'amollissait, se laissait tomber au bout de mon poing en flasque bâton de
Moïse. Des sursauts, bien sûr, elle en avait, mais de plus en plus espacés,
d'abord en spirale, puis en crosse[5]
d'évêque, puis en point d'interrogation. Je serrais toujours. Enfin, le dernier
point d'interrogation devint un point d'exclamation, lisse, définitif et ne
frémissant même plus de la pointe. Les topazes s'éteignirent, à moitié
recouvertes par deux morceaux de taffetas bleuâtres. La vipère, ma vipère,
était morte ou, plus exactement, pour moi, l'enfant, elle était retournée à
l'état de bronze où je l'avais trouvée quelques minutes auparavant, au pied du
troisième platane de l'allée du pont.
Je jouai vingt
minutes avec elle, la disposant à ma fantaisie, tripotant, maniant ce corps
sans membres d'infirme parfait. Rien n'est si bien mort qu'un serpent mort.
Très vite, elle perdit toute allure, cette loque, elle perdit tout métal. Elle
s'obstinait à me montrer cette couleur trop claire du ventre, que, par
prudence, toutes les bêtes dissimulent jusqu'à la mort – ou jusqu'à
l'amour.
Hervé Bazin, Vipère au poing
Vocabulaire
Remplissez la grille avec les mots :
- impeccablement
- se lover sur
- vivement
- faire long feu
- lâcher prise
- se caler
- rugueux
- la viscosité
- l’anguille
- frénétique
- suinter
- piqué noir
- pétillant
- la restriction
- flasque
- une loque
Utilisez le dictionnaire Le Petit Robert. Par exemple:
Mot ou expression
|
Traduction
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Explication
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Emploi
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Synonymes
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Remarques
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Impeccablement
|
бездоганно
|
D'une manière impeccable, parfaite.
|
Habillé impeccablement.
|
Irréprochablement
Parfaitement
|
Abrév. fam. (1970) IMPEC
|
À vous...
|
Exercices de lexique
1.Trouvez des
synonymes pour les mots en gras :
- le serpent lové
sur lui-même
- devait faire
long feu dans les saints propos de la famille
- rien ne me
fit lâcher prise
- la main peut se
caler
- les yeux pétillants
- ce frénétique
réveil
- retournée à l’état
de bronze
- elle perdit
toute allure
- elle s’obstinait
à me montrer
2. Expliquez les
expressions suivantes, trouvez les équivalents ukrainiens :
- Tenir à qqch.
comme à la prunelle de ses yeux →
- Aller,
avancer comme un escargot →
- Mener une vie
de bâton de chaise →
- Il y a anguille
sous roche →
- Je suis calé →
3. Expliquez le
sens du verbe « piquer » dans les phrases et les
expressions :
- On l'a piqué contre la
variole →
- Se piquer le nez →
- Piquer au vif →
- Il voulait
piquer ma curiosité →
- On lui a piqué toutes ses
affaires →
- Piquer sa crise →
- Piquer un fard, un
soleil →
- Piquer une tête dans
l'eau →
- Les livres exposés à
l'humidité se piquent. →
- PROV. Qui
s'y frotte s'y pique →
4. Donnez le(s)
sens figuré(s) des mots suivants :
- ferme (adj.)
- vipère (f)
- crapaud (m)
- serpent (m)
- loque (f)
- point (m) d'interrogation
- bronze (m)
5. Thème :
1. Я споглядав гадюку, що спала, скрутившись у
три кільця. На щастя я не побачив її сяючих очей кольору яхонту із чорними
цятками зіниць.
2.Гера доправила до колиски Геракла дві величезні
змії, щоби його знищити. Але, незважаючи на те, що той був лише немовлям, він
їх задушив.
3.Я зміг ухопити тварюку за шию, оскільки шкірка
гадюки шерехувата, порепано суха, позбавлена захисної липкості вугра.
4.Я стискував змію все сильніше, немов тисками, а
вона вилася навколо моєї руки.
5.Мертва тварина була схожа на клапоть, на дряблу
єпископську патерицю. Вона втратила гнучкість та полиск.
6.Її несамовиті вчинки діймають до живого,
потрібно обмежити її владу.
7. Із зубів гадюки крапля за краплею жваво сочилася
отрута.
8. Він всівся в кріслі, яке взялося цвіллю, та
відчув себе бридким як жаба.
9. Незважаючи на бездоганну роботу, їх
підприємство протрималося недовго.
10. Він легкодуха людина, яка до того ж пригріла
на грудях змію.
Étude du texte
1. Procédez à la lecture méthodique du texte et ensuite répondez aux
questions :
1. Quels sont les champs lexicaux dominants de
cet extrait ?
2. A l’aide de quelles figures de style l’auteur
construit les descriptions ? Quel en est l’effet ?
3. Retrouvez les oppositions ; que
représentent-elles dans la structure de l’extrait ?
4. Décryptez les portées symboliques.
2. Rédigez le
commentaire du texte en vous basant sur la lecture méthodique du texte et le
plan suivant :
1. Introduction.
- Parlez de la vie de Hervé Bazin. Comment se
rapporte-t-elle au contenu du roman?
- Expliquez le contexte littéraire de son œuvre.
- Résumez l’histoire du roman, présentez ses
personnages.
2. Développement.
- Formulez le(s) thème(s) de l’extrait du roman « La vipère
au poing» . Quelle rôle jouent y les descriptions ?
- Quels intérêts présente-t-il (littéraire,
psychologique, etc.) ? Proposez votre plan original.
- Comment les mythes évoqués enrichissent-ils le
contenu de l’extrait ?
3. Bilan.
- Trouvez le lien entre l’extrait étudié et le
titre du roman. Justifiez votre opinion.
- Comment ce roman s’inscrit-il dans la
littérature de la première moitié du XX siècle? Quels autres romans
reprennent sa thématique ?
Notes
Adam et Ève, dans la Bible et le
Coran, premier homme et première femme, père et mère de la race humaine. Adam
(en hébreu « homme ») fut créé à partir de la glaise du sol ; Ève (en hébreu «
celle qui vit ») fut façonnée à partir d'une côte d'Adam et donnée par Dieu à
Adam pour qu'elle soit sa femme. Ce récit apparait en deux versions : Genèse,
I, 26-27 et Genèse, II, 7-8, 18-24.
Moise – prophète et législateur hébreu, rassembleur
du peuple juif, dont la vie est relatée dans deux livres de l’Ancien Testament.
Moise transmit à son peuple les dix commandements:
(1) prologue et interdiction d'adorer tout autre divinité que Dieu ;
(2) interdiction d'adorer des idoles ;
(3) interdiction de blasphémer le nom de Dieu ;
(4) respect du sabbat ;
(5) honorer son père et sa mère ;
(6) interdiction de tuer ;
(7) interdiction de commettre l'adultère ;
(8) interdiction de voler ;
(9) interdiction de faire des faux témoignages ;
(10) interdiction de convoiter les biens ou la femme de son voisin.
Hercule - dans la mythologie romaine, demi-dieu et
héros célèbre par sa force, son courage et ses nombreux exploits légendaires.
Hercule est le nom latinisé du héros grec Héraclès (« la gloire d’Héra »).
D’abord prénommé Alcide, il était le fils du dieu Zeus et d’Alcmène, épouse du
général thébain Amphitryon. Héra, l’épouse de Zeus, ivre de jalousie, était
déterminée à tuer les rejetons de son époux infidèle. C’est pourquoi, peu de
temps après la naissance d’Hercule, elle envoya deux grands serpents pour le
supprimer. Elle échoua, car Hercule, bien qu’il ne fût qu’un bébé, étrangla les
serpents.
[2] Fabricant d'objets d'ornement, de table, en
métaux précieux, en cuivre, en étain, en alliage; marchand de pièces
d'orfèvrerie.
[3] Le saphir est une
pierre précieuse, forme naturelle cristallisée et très dure de corindon
transparent et bleu .
[4] La topaze est une
pierre précieuse, du fluorosilicate d'aluminium naturel, comprenant de
nombreuses variétés dont la plus connue est d'un brun jaune (d'autres sont
jaunes, bleues, vertes, roses, incolores), et qui se rencontre surtout dans les
gisements d'étain et dans des roches très acides.
[5] Bâton pastoral d'évêque ou d'abbé dont
l'extrémité supérieure se recourbe en volute.
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